11 février 1970
(Mère tousse, sa voix est très voilée.)
Ça ne va pas. Impossible de parler. Tu as reçu les Aphorismes?
325 – «Liberté, Égalité, Fraternité», s'écriait la Révolution française, mais en vérité, seule la liberté a été mise en pratique, avec une certaine dose d'égalité; quant à la fraternité, c'est seulement une fraternité de Caïn qui s'est fondée... et de Barabbas. Quelquefois, elle s'appelle «trust» ou «cartel», et parfois «Concert des Nations d'Europe».
326 – Les penseurs avancés d'Europe s'écrient: «Puisque la Liberté a échoué, essayons la Liberté + l'Égalité, ou, puisqu'il n'est pas facile d'apparier les deux, essayons l'égalité à la place de liberté. Quant à la fraternité, elle est impossible, par conséquent nous la remplacerons par l'association industrielle.» Mais je pense que cette fois-ci non plus, Dieu ne sera pas trompé.
(le disciple lit la réponse de Mère)
«Pour le moment encore, liberté, égalité, fraternité, ne sont que des mots qui ont été proclamés à grands cris

 

mais qui n'ont jamais encore été mis en pratique et ne peuvent pas l'être tant que les hommes resteront tels qu'ils sont, gouvernés par leur ego et tous ses désirs au lieu d'être gouvernés seulement par l'Un Suprême et suprêmement Divin.»
Et j'ai ajouté:
La liberté ne pourra être manifestée que lorsque tous les hommes connaîtront la liberté du Seigneur Suprême.
L'égalité ne pourra être manifestée que lorsque les hommes seront tous conscients du Seigneur Suprême.
La fraternité ne pourra être manifestée que lorsque tous les hommes se sentiront également issus du Seigneur Suprême et «un» dans Son Unité.
Cela paraît impossible pour les hommes, mais ce sera possible sans doute pour la nouvelle espèce.
Autre chose... (Mère tend une autre note) Je ne vois pas clair... C'est une petite qui était terriblement embêtée par l'opinion des autres, alors je lui ai répondu:
Seule l'opinion
du Seigneur Suprême
a de l'importance.
Seul le Seigneur Suprême
mérite tout notre amour
et nous le rend au centuple.
(silence)
Ça ne va pas (Mère serre sa tête dans ses mains). Ma tête, je n'ai jamais eu de ma vie la tête comme cela. J'entends du bruit dedans et...
Ça a commencé ce matin, c'était plein de quelque chose qui... je ne sais pas ce que c'est. Et les gens pressent-pressent-pressent – il y en a! Je n'en ai jamais tant vus... J'étais presque guérie hier matin, je pensais que c'était fini, et puis j'ai vu des gens jusqu'à midi et demie. Alors après...
Tu n'as rien?... Alors je ne parle pas.
(longue méditation)

 

Je te vois samedi, j'espère que ce sera fini.
Je n'ai jamais eu la tête dans cet état... La conscience est très claire, très claire... C'est curieux... J'ai l'impression que ma tête est grosse comme cela (geste), comme si elle était devenue énorme.
(silence)
Il y a un attaché d'ambassade [français] qui est venu, qui a dîné au consulat avec R et F et Baron (l'ancien gouverneur de Pondichéry), et c'était sa fille qui était venue à l'inauguration d'Auroville pour mettre la terre de France. Alors il posait toutes sortes de questions et il était très intéressé... Il va y avoir un nouvel ambassadeur, on espère que celui-là sera mieux1... Le précédent était tout à fait anti-ashram. Mais on espère que le nouveau sera mieux, cet attaché est venu pour le nouvel ambassadeur.