30 septembre 1970
(Mère est un peu en retard.)
Je ne sais pas les jours et on ne me dit pas les jours, alors je ne savais pas que c'était ton jour. C'est pour cela que je suis en retard. Je ne sais pas les jours du tout. Alors, je suis en train de voir des gens, et puis tout d'un coup, on me dit que c'est mercredi, alors... Je ne sais même pas si c'est mercredi ou samedi.
Je vis tout à fait en dehors du temps, de la petite réalité quotidienne.
(silence)
J'ai vu G hier, il ne va pas trop bien.
(après un long silence)
J'ai l'impression qu'il vit en dehors de l'atmosphère.
Pourtant, il dit qu'il est tellement tourné vers toi, à chaque instant.
Il y a quelque chose qui empêche le contact.
(après un silence)
Son contact est mental.
Physiquement, c'est comme s'il habitait ailleurs, tu comprends?
(longue concentration sur G)
Et puis, on va faire une édition de la traduction hollandaise de «L'Aventure de la Conscience», et D avait demandé à A.M. de faire une couverture pour le livre. A.M. a fait quelque chose qu'il voudrait te montrer. Voilà ce qu'il a fait1... [le disciple montre la peinture].
Bah! c'est bien noir.
1. Un lotus dont la tige fait un long circuit sous des eaux vertes et dont le bouton fermé arrive juste à fleur d'eau. Au-dessus des eaux, un ciel vert foncé avec une lune.

 

C'est bien noir, son monde est noir. Ouf! c'est sans espoir.
Ça a l'air un peu comme cela.
Je n'aime pas ça.
Je crois que le symbole est bon, mais la couleur...
Oui. Mais s'il faisait le bleu du mental: la Conscience qui doit sortir du mental. S'il faisait un bleu du mental, alors ça irait. Mais ce noir, c'est dégoûtant.
Et avec du soleil ici.
Le soleil, on ne le voit pas.
C'est une lune, je crois... Non, il faut le bleu du mental et le soleil qui se lève.
Oh! oui. La lune, ça ne va pas du tout. C'est ce que j'avais senti.
Non, pas pour ton livre. Il faudrait quelque chose qui s'épanouisse au lieu de ça. Ça, c'est serré, c'est restreint, c'est étriqué – quelque chose qui s'épanouisse dans une grande lumière.
Ça ne va pas du tout.
L'autre livre, tu sais, c'est une aventure... [La Genèse du Surhomme]
(Riant) Alors?
Rien, c'est une aventure.
Donne un papier (Mère dessine).
D'abord, pas besoin de mettre autant d'eau. Il vaut mieux que la chose soit au-dessus.
Au lieu d'une tige qui se tortille (tu ne te tortilles pas! rires), tu peux mettre sept lignes – sept lignes. Alors, un rassemblement des sept lignes ici (juste à fleur d'eau). Ça, c'est symbolique de la formation

 

du livre. Et puis ici (au-dessus des eaux) monter tout droit et... (Mère dessine sept lignes qui s'épanouissent au sommet d'une tige). Tu comprends: sept ascensions (en bas) et ici (en haut) sept réponses. Comme cela. Sept qui se centralisent sur un point qui correspond à ça (à l'autre point de rassemblement des sept lignes du bas). Alors, ça a un sens.
*
* *
(Puis le disciple passe à la lecture d'un ancien Entretien, du 6 septembre 1953, qui se termine par ces lignes:)
«... Alors que, si l'on était ouvert et que simplement on respirait – c'est tout, on ne fait que cela –, on respirerait la Conscience, la Lumière, la Compréhension, la Force, l'Amour et tout le reste. Et tout cela est gaspillé sur la Terre, parce que la Terre n'est pas prête à le prendre. Voilà.»
Est-ce que la terre est un peu plus prête, douce Mère?
(Mère entre dans une très longue contemplation jusqu'à la fin de l'entrevue, et ne répond pas)